A quoi bon s’enfermer, quand on vit de liberté ?
La grille de mon école est ouverte
Ouverte sur le village
Ouverte à tous les âges
Ouverte sur les j’y vais j’y vais pas
Les je veux je veux pas
Aux sourires, aux éclats de rire
Aux sanglots, aux trémolos
Aux va-et-vient, aux derniers câlins
Aux baisers pour la bonne journée.
La grille de mon école est ouverte
Les bureaucrates sont arrivés
Ils ont parlé de normes et de clefs
Tous les gens sérieux à l’unisson
S’il arrivait cela, s’il se passait ceci
Ils ont raisonné et ordonné
Oublié l’humanité
Devant l’école plus de place
On se gêne, on se tasse.
La grille de mon école est ouverte
Un jour tout le monde s’est masqué
Par décret, par journal télévisé
Sourires et câlins disparus
Distances maintenues
Certains ont accepté sans broncher
Certaines se sont rebiffées effarouchées
Çà a tapé du pied, réunionné, protesté
Et la grève a éclaté
La grille de mon école est fermée
La grève c’est pas pour les enfants
A dit le recteur à son directeur
Le commandant à son lieutenant
Le maire à son fonctionnaire
Il faut un code
Il faut une clef
il faut une autorisation
Il faut une explication
La grille de mon école est fermée
Un enfant trop habitué de liberté
Enjamba la grille restée fermée
Pour la contourner, la sauter
De très haut, très bas il est tombé
Les parents enfin réveillés
Les maitresses enfin indignées
Vers les bureaux des gens sérieux ont convergé
Et un par un les ont renversés
La grille de mon école est ouverte
Tout le monde s’est embrassé
De ses peurs s’est débarrassé
Pour respirer, pour résister
Et la tête relever.
Pour rêver une école
Ouverte sur le village
Ouverte à tous les âges.
A quoi bon s’enfermer quand on vit de liberté ?