Amis paysans, où étions nous ?

Amis paysans, où étions nous lorsque
Ce jaune de printemps jaillit avant l’hiver ?
…A rentrer les récoltes ?
…A creuser nos champs ?
Pour quelques semailles d’automne,
Nous avons raté ce semis
De la meilleure moisson.

Amis paysans, où étions nous lorsque
Ces ronds points fleurirent dans les villes
Comme un millepertuis dans nos champs
Avec cette vertu de la vie qui s’entête
A en soigner les tristesses
A en faire rire les enfants.

Amis paysans, où étions nous lorsque
Nos sœurs et frères enivrés d’humanité,
Osaient souffler l’espoir d’une nouvelle société ?
Leurs ancêtres vivaient comme nous en ruralité,
Mais bureaucrates et industries
A coups de canons et d’expropriations
Ont imposé cette liberté
Que l’on croit pouvoir salarier.

Amis paysans, où étions nous lorsqu’
A cette marée jaune manquait notre goutte
Pour faire céder les digues
De toutes les oppressions ?
Peut être avions nous le regard
Détourné par ces subventions
Qui, à coups de normes et d’obligations,
Préparent doucement notre disparition.

Amis paysans, où serons nous
Lorsque soufflera à nouveau
Ce pollen d’une révolution ?
Saurons nous partager
Notre gout d’incertain
Et notre amour des saisons ?

Amis paysans, où serons nous
Lorsque nageront à contre courant
Celles et ceux qui, à nouveau réveillés,
Chercheront notre main
Pour ne pas sombrer.

Amis paysans, où serons nous
Lorsque cette fraternité
Pleine de sororité,
Cherchera cette mémoire
Que nous aurons su protéger
De ceux qui ont fait métier
L’art de nous diviser.